Manger mou

Manger mou

L’expérience en mot (et non en mou)

Manger mou, avant 80 ans?

Tout d’abord, laissez-moi clarifier certaines choses. Je ne suis pas diététicien. (C’est rare ce mot là au masculin…) Je ne suis pas kiné, je ne suis pas gros et ne n’ai rien contre les régimes. Voilà, c’est dit!

Je vous mets en contexte. Ma coloc, dont je tairai le nom afin de garder son intimité, m’est arrivée avec un genre de défi:

-Dan,  pour les 21 prochains jours nous allons manger 2 repas liquides par jour. Le matin et le soir.

Elle n’avait pas terminé sa phrase que déjà, mon esprit se brouillait.

-Euh liquide, liquide… liquide?  Mais comment liquide?

-Ben liquide, genre assez mou, dit-elle. (Elle a un accent des Iles de la Madeleine…)

-Ok, mais avec un peu de solide à côté genre une rôtie ou du fromage? Parce que du pain ce n’est pas ben ben solide, pis du fromage c’est fait avec du lait…

Elle me regardait d’un air dubitatif, poussa un soupir et enchaina.

-Non le règlement, il  faut que tu puisses manger avec une paille.

Elle me connait mal. Dans ma tête je me voyais déjà passer tout au blender…

Après quelques commentaires que nous garderons entre ma coloc et moi, je décide donc d’embarquer dans son défi. Cependant, je n’y étais attaché par aucune gageure insignifiante genre: le premier ou la première qui lâche devra faire la vaisselle ou le lavage pendant un mois. Non. Juste un défi personnel entre deux personnes un peu motivées!

Nous avons eu la mauvaise idée de commencer un vendredi. Le premier matin, son mélange naturel, de fruits et de légumes, a une couleur pas super invitante.  Au goût, après deux gorgées,  t’as plus faim. Je me dis: «Crime ça marche!»

À 3 heures je reçois un texto: «Pu capable, j’arrive à la maison, faut que je dorme.»

Ah, manquerait-elle un peu d’énergie?

Quand elle est entrée, je pensais qu’elle avait reçu un coup de pelle. Elle n’a pas dit un mot, s’est enlignée sur son oreiller. Elle n’avait pus de jus!  Où le jus l’avait achevée, je ne sais pas…

Moi, j’ai toughé 3 jours. Tant bien que mal. La coloc  elle est allée jusqu’au bout, mais avec des triches de temps en temps. Pis c’est ben correct.

Faut que je vous dise: ni un ni l’autre n’avons un problème de poids. Les deux sommes en bonne condition physique. Donc nous n’avions pas de pression. Nous pouvions le faire dans le plaisir. Alors, pourquoi j’ai lâché prise après trois petits jours? L’amour de la nourriture! Est-ce que dans un cas désespéré je pourrais suivre un régime de la sorte? Je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c’est qu’il est possible de se nourrir adéquatement, de faire du sport et de se récompenser  par de petits bonheurs coupables ou non-coupables dans le plaisir et la bonne humeur.